Développement durable : la nouvelle tyrannie du bien ?

Pour le numéro 375 d’Architecture d’Aujourd’hui d’octobre 2009, dans un dossier intitulé Le développement durable : une religion qui rapporte ?, l’Atelier Franck Boutté et l’architecte Rudy Ricciotti osent questionner très tôt, le faire durable, ce nouvel impératif incontesté, et quasi incontestable au risque de paraître rétrograde ou malveillant.

L’Atelier y affirme la nécessité de redonner toute sa place à une démarche de questionnement. Loin de ses visées normatives et culpabilisatrices, le développement durable doit être l’occasion de penser, sur un mode jubilatoire, la diversité des habitudes humaines et des contextes urbains.

Pour ce faire, l’Atelier approche le développement durable comme une religion, la religion durabiliste. Entre les labels, les effets de modes, de marketing et les discours, le développement durable s’arroge comme une tyrannie du bien. Il devient alors essentiel de lutter contre l’évangélisation des territoires, qui transpose sans nuance les principes de durabilité, faisant fi des cultures et des climats en promouvant un modèle théorique de ville parfaite basée sur le modèle de l’écologie du nord. L’Atelier défend l’importance du contexte et développe deux autres écologies urbaines, chacune caractérisée différemment, et dont il est essentiel de se saisir : l’écologie du sud et l’écologie du milieu.

Pour l’Atelier Franck Boutté, le développement durable est avant tout une façon de reposer la question du rapport de l’homme au monde. Libéré de sa chape dogmatique, il peut être considéré comme une démarche capable de remettre en question ses propres hypothèses en fonction des effets de leur application. Est « durable » ce qui peut durer, plutôt que ce qui doit durer. En initiant un espace de questionnement et d’ouverture aux possibles, le développement durable redevient un espace de réenchantement jubilatoire de la pensée architecturale et urbanistique.